La représentation nationale a un devoir de vérité et de justice. A la faveur d'une niche parlementaire, les sénateurs socialistes soumettent à l'examen de la Haute assemblée, le 4 mai, une proposition de loi relative à la pénalisation de la négation du génocide arménien de 1915, dans les mêmes termes que l'Assemblée nationale avait voté ce texte le 12 octobre 2006, voici plus de quatre ans. Parce que c'est l'honneur du Parlement français que de vouloir enfin parachever ce processus législatif initié il y a plus de dix ans avec la loi du 29 janvier 2001 par laquelle la France reconnaît publiquement le génocide arménien, j'appelle solennellement mes collègues sénateurs à s'unir au delà de leurs familles politiques respectives, pour voter ce texte afin que, dans notre République, on ne puisse plus nier, impunément, la vérité historique.
Il y a urgence aujourd'hui à se doter d'un cadre législatif qui protège nos concitoyens, face aux dérives négationnistes qui continuent de progresser de façon sournoise au sein de la société, blessant les consciences de tous les Républicains. Et si nous, députés et sénateurs socialistes, nous mettons tant d'obstination, depuis toutes ces années, à vouloir aller au terme de ce processus législatif ; si nous avons mis à profit les niches d'initiative parlementaire dont nos groupes disposent pour examiner ce texte, c'est que nous avons à cœur de respecter la parole donnée, et que, selon nous, la réalité du génocide, n'est pas négociable. Si j'exhorte mes collègues sénateurs à venir voter mercredi 4 mai cette proposition de loi, c'est d'abord parce qu'à nos yeux, l'histoire a parlé, et je suis convaincu que nos concitoyens sont très nombreux à attendre, à présent, du Sénat qu'il accomplisse l'indispensable évolution législative : voter la loi, ce n'est pas un acte mémoriel, c'est d'abord, un acte politique, et c'est au Parlement, de légiférer sur cette question !
Les français d'origine arménienne viendront de toute la France pour se mobiliser au Palais du Luxembourg ce mercredi et demander au Sénat de faire ce travail en conscience en votant ce texte de loi, car on ne peut accepter de voir perdurer le fléau du négationnisme : au même titre que le racisme et l'antisémitisme, la négation de la vérité historique abîme nos valeurs républicaines, et elle doit être punie par la loi républicaine ! Ainsi notre représentation nationale parachèvera de façon décisive avec cette étape législative la longue marche pour la justice et pour le droit initiée de longue date par la France, avec le président François Mitterrand qui, à l'occasion de sa visite à Vienne le 7 janvier 1984, avait le premier affirmé que "la France voulait en toutes circonstances rappeler l'identité arménienne marquée par le grand drame du génocide".
Par la suite de nombreuses grandes voix se sont à leur tour élevées, pour faire avancer les consciences en faveur de la reconnaissance de ce génocide par les instances internationales et le Tribunal permanent des peuples. Cette reconnaissance est intervenue une première fois, le 16 avril 1984, par le Tribunal permanent des peuples, puis par la Sous Commission des droits de l'homme de l'ONU le 29 août 1985, par le Parlement européen le 18 juin 1987 grâce en particulier au combat mené depuis 1981 par Henri Saby, et par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe le 24 avril 1998. Régulièrement, des intellectuels français comme Bernard Henry Lévy ou Michel Onfray interviennent publiquement en faveur de cette reconnaissance et se mobilisent aux côtés de la classe politique, de la diaspora arménienne de France et de ses organisations représentatives.
Ce travail de reconnaissance a été régulièrement accompli par les Parlements nationaux, notamment dans les pays où la communauté arménienne est importante comme la France, avec la loi promulguée par le président Jacques Chirac et le premier ministre Lionel Jospin le 29 janvier 2001, par laquelle "la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915". Au-delà de l'aspect purement législatif, nous savons que des combats restent à mener, pour que la Turquie accomplisse enfin son travail de vérité et de mémoire, qu'elle soit au clair avec son passé, et reconnaisse le génocide : c'est un préalable incontournable à nos yeux, à tout espoir de réconciliation !
On se trompe en effet, lorsqu'on craint que ce texte puisse avoir des conséquences inopportunes sur le timide rapprochement engagé, avec le soutien de la France, entre la Turquie et l'Arménie. En quoi cette loi pourrait-elle affecter un dialogue pratiquement inexistant ? C'est au contraire l'indifférence des puissances sur la question du génocide qui inciterait la Turquie à une intransigeance que tout le monde condamne. En revanche, les possibles menaces de représailles économiques de la Turquie sont toujours d'actualité, envers quiconque se risquerait à prendre ses responsabilités législatives sur cette question. Les pressions d'Ankara se sont toujours exercées, partout dans le monde, et particulièrement à l'égard du gouvernement de la France ces dernières années à l'occasion de la reconnaissance du génocide. Mais c'est justement les moyens hors normes de ce négationnisme d'Etat qui rendent indispensables de telles mesures législatives ! Plus que jamais, c'est bien le vote des élus du peuple français qui peut éclairer à nouveau le chemin, comme nous l'avions fait à l'Assemblée nationale le 12 octobre 2006.
Les sénateurs porteront une lourde responsabilité historique sur leurs épaules mercredi 4 mai au Sénat. Ils ont l'occasion, en votant cette proposition de loi, de se mettre en conformité avec les valeurs, les idéaux et les principes intangibles de notre République. Le Parti socialiste porte cette loi, mais c'est à l'ensemble des groupes politiques de la Haute Assemblée que je lance aujourd'hui cet appel.
René Rouquet, député du Val-de-Marne, vice président du Groupe d'amitié France-Arménie à l'Assemblée nationale
ΠΗΓΗ: LEMONDE
ΑΠΟΔΟΣΗ ΚΕΙΝΕΝΟΥ ΣΤΗΝ ΕΛΛΗΝΙΚΗ: http://infognomonpolitics.blogspot.com/2011/05/4.html
Il y a urgence aujourd'hui à se doter d'un cadre législatif qui protège nos concitoyens, face aux dérives négationnistes qui continuent de progresser de façon sournoise au sein de la société, blessant les consciences de tous les Républicains. Et si nous, députés et sénateurs socialistes, nous mettons tant d'obstination, depuis toutes ces années, à vouloir aller au terme de ce processus législatif ; si nous avons mis à profit les niches d'initiative parlementaire dont nos groupes disposent pour examiner ce texte, c'est que nous avons à cœur de respecter la parole donnée, et que, selon nous, la réalité du génocide, n'est pas négociable. Si j'exhorte mes collègues sénateurs à venir voter mercredi 4 mai cette proposition de loi, c'est d'abord parce qu'à nos yeux, l'histoire a parlé, et je suis convaincu que nos concitoyens sont très nombreux à attendre, à présent, du Sénat qu'il accomplisse l'indispensable évolution législative : voter la loi, ce n'est pas un acte mémoriel, c'est d'abord, un acte politique, et c'est au Parlement, de légiférer sur cette question !
Les français d'origine arménienne viendront de toute la France pour se mobiliser au Palais du Luxembourg ce mercredi et demander au Sénat de faire ce travail en conscience en votant ce texte de loi, car on ne peut accepter de voir perdurer le fléau du négationnisme : au même titre que le racisme et l'antisémitisme, la négation de la vérité historique abîme nos valeurs républicaines, et elle doit être punie par la loi républicaine ! Ainsi notre représentation nationale parachèvera de façon décisive avec cette étape législative la longue marche pour la justice et pour le droit initiée de longue date par la France, avec le président François Mitterrand qui, à l'occasion de sa visite à Vienne le 7 janvier 1984, avait le premier affirmé que "la France voulait en toutes circonstances rappeler l'identité arménienne marquée par le grand drame du génocide".
Par la suite de nombreuses grandes voix se sont à leur tour élevées, pour faire avancer les consciences en faveur de la reconnaissance de ce génocide par les instances internationales et le Tribunal permanent des peuples. Cette reconnaissance est intervenue une première fois, le 16 avril 1984, par le Tribunal permanent des peuples, puis par la Sous Commission des droits de l'homme de l'ONU le 29 août 1985, par le Parlement européen le 18 juin 1987 grâce en particulier au combat mené depuis 1981 par Henri Saby, et par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe le 24 avril 1998. Régulièrement, des intellectuels français comme Bernard Henry Lévy ou Michel Onfray interviennent publiquement en faveur de cette reconnaissance et se mobilisent aux côtés de la classe politique, de la diaspora arménienne de France et de ses organisations représentatives.
Ce travail de reconnaissance a été régulièrement accompli par les Parlements nationaux, notamment dans les pays où la communauté arménienne est importante comme la France, avec la loi promulguée par le président Jacques Chirac et le premier ministre Lionel Jospin le 29 janvier 2001, par laquelle "la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915". Au-delà de l'aspect purement législatif, nous savons que des combats restent à mener, pour que la Turquie accomplisse enfin son travail de vérité et de mémoire, qu'elle soit au clair avec son passé, et reconnaisse le génocide : c'est un préalable incontournable à nos yeux, à tout espoir de réconciliation !
On se trompe en effet, lorsqu'on craint que ce texte puisse avoir des conséquences inopportunes sur le timide rapprochement engagé, avec le soutien de la France, entre la Turquie et l'Arménie. En quoi cette loi pourrait-elle affecter un dialogue pratiquement inexistant ? C'est au contraire l'indifférence des puissances sur la question du génocide qui inciterait la Turquie à une intransigeance que tout le monde condamne. En revanche, les possibles menaces de représailles économiques de la Turquie sont toujours d'actualité, envers quiconque se risquerait à prendre ses responsabilités législatives sur cette question. Les pressions d'Ankara se sont toujours exercées, partout dans le monde, et particulièrement à l'égard du gouvernement de la France ces dernières années à l'occasion de la reconnaissance du génocide. Mais c'est justement les moyens hors normes de ce négationnisme d'Etat qui rendent indispensables de telles mesures législatives ! Plus que jamais, c'est bien le vote des élus du peuple français qui peut éclairer à nouveau le chemin, comme nous l'avions fait à l'Assemblée nationale le 12 octobre 2006.
Les sénateurs porteront une lourde responsabilité historique sur leurs épaules mercredi 4 mai au Sénat. Ils ont l'occasion, en votant cette proposition de loi, de se mettre en conformité avec les valeurs, les idéaux et les principes intangibles de notre République. Le Parti socialiste porte cette loi, mais c'est à l'ensemble des groupes politiques de la Haute Assemblée que je lance aujourd'hui cet appel.
René Rouquet, député du Val-de-Marne, vice président du Groupe d'amitié France-Arménie à l'Assemblée nationale
ΠΗΓΗ: LEMONDE
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